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Critique littéraire, billets d'humeur, entretiens avec des auteurs...

Quelques lectures pour la fin de l’année 2024

 

Au terme d’une année tempêtueuse et tourmentée, voici le temps de la pause finale. L’heure, plus que jamais, de revenir aux livres, pour s’y plonger ou les offrir… Voici, comme tous les ans, quelques suggestions puisées parmi mes lectures et mes articles des mois passés. Avec mes vœux à tous pour d’heureux moments et de belles fêtes.

 

Début janvier, nous nous retrouverons pour parler de Hanif Kureishi, du dernier roman (posthume, en français) de Robert Coover, d’Edith Bruck, de Florence Seyvos et de bien d’autres auteurs…

 

 

Des hommes et des femmes

 

Il neige sur le pianiste, Claudie Hunzinger (Grasset)

Ils sont trois, en fait, dans ce coin perdu des Vosges : la narratrice, le musicien et le renard. Tous trois tâchent, chacun dans son langage, de dire ce qui échappe au langage… Claudie Hunzinger continue, entre humour et poésie, sa belle méditation sur l’âge, le désir, la nature et les mots.

 

Le Polonais, J. M. Coetzee, traduit de l’anglais par Sabine Porte (Seuil)

Le Prix Nobel 2003 raconte la vieille histoire du vieux monsieur et de la (plus) jeune dame. Une histoire simple et apparemment transparente, mais semée de miroirs inversés qui interrogent vertigineusement le désir de l’autre.

 

Ne le dis pas à ton frère, Meir Shalev, traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen (Gallimard)

Que veut la belle Sharon au très bel Itamar, qu’elle entraîne de nuit dans sa maison isolée ? Elle le prend à son piège, il la prend au sien, le lecteur se laisse prendre à celui que l’écrivain israélien, mort en 2023, ourdit pour lui avec virtuosité et humour.

 

Des familles

 

Les Mains pleines, Guillaume Collet (Bourgois)

« Petit-Fils » est chargé par « Famille » de voler au secours de « Grande-Mère » et « Grand-Père », qui dérivent, seuls dans leur maison isolée… Dans ce deuxième roman, l’auteur des Yeux de travers invente une narration bondissante et burlesque pour dire le grand âge et le poids des contraintes sociales.

(Voir aussi l'entretien qu’il a accordé à ce blog.)

 

Sur les hauteurs du mont Thoreau, Catherine Mavrikakis (Héliotrope)

Dans la clinique du docteur Gardner, la mort est une fête. Les quatre sœurs Leroy, dont l’une est condamnée, essaieront d’y rester ou d’y devenir elles-mêmes. Plus que la mise en scène d’un thème d’actualité, une magnifique plongée dans le moi porté à ses limites.

 

Nord Sentinelle, Jérôme Ferrari (Actes Sud)

La Corse, les pères, les fils, les nuits d’été dans une île saccagée par le tourisme et hantée par la violence… L’auteur du Sermon sur la chute de Rome fait de tout cela, par la grâce d’une prose somptueuse, l’image de l’humaine condition.

 

Des souvenirs

 

Le Champ, Josef Winkler, traduit de l’allemand par Bernard Banoun (Verdier)

Dans le champ que cultivait le père était enseveli un criminel nazi… L’écrivain autrichien construit, à partir de son enfance, de sa région d’origine, de l’histoire de son pays, une fantastique chambre d’échos aux accents tragiques et drôles.

 

Tarentule, Eduardo Halfon, traduit de l’espagnol par David Fauquemberg (Table Ronde / Quai Voltaire)

Autour d’un épisode dramatique de son enfance, le grand écrivain guatémaltèque reconstitue, pour s’y perdre avec nous, le labyrinthe d’une mémoire hantée par la Shoah et la guerre civile dans son pays. Son roman a reçu le prix Médicis étranger 2024.

 

Dépendance, Tove Ditlevsen, traduit du danois par Christine Berlioz et Laila Fink Thullesen (Globe)

Le troisième tome de la Trilogie de Copenhague, où l’écrivaine danoise morte en 1976 racontait son entrée dans la vie littéraire et sa plongée dans l’enfer de la drogue. Avec toujours la même simplicité faussement limpide, et la même passion de la liberté farouche.

 

 

Et aussi…

 

Le dernier roman de Jacques Fortier vient de paraître, aux éditions du Verger. Il s’intitule La Grande Illusion de Jules Meyer. On y retrouve le désormais fameux détective strasbourgeois en figurant et enquêteur sur le tournage, au château alsacien du Haut-Kœnigsbourg, du chef-d’œuvre de Jean Renoir. On tourne, on assassine, la grande Histoire s’en mêle, le roman s’invite dans le film, les rebondissements se succèdent jusqu’au bout – et l’érudition, comme toujours, va de pair avec l’inventivité et la fantaisie.

 

Le Secret de Sybil, de Laurence Cossé, paru chez Gallimard dans la collection blanche en 2023, est depuis quelques semaines disponible en Folio. L’occasion peut-être de découvrir ce beau récit, dont j’ai déjà dit toute la subtilité et la puissance d’émotion (voir ici).

 

 

Le Prix François Billetdoux 2024, décerné par la Société civile des auteurs multimédia (Scam), vient de couronner le livre de Gilles Sebhan Bacon, juillet 1964 (Le Rouergue, 2023, voir ici). J’ai souligné, à sa parution, le caractère inclassable de ce texte où l’auteur décortique plan par plan le moyen-métrage consacré par Pierre Koralnik au grand peintre britannique. Sebhan y traque avec brio ses propres obsessions en sondant celles d’un artiste qui déforme la réalité pour en faire surgir la vérité – c’est-à-dire « la mort au travail ».

 

La jeune maison d’édition Ardavena lance une revue intitulée La Raison du poème. Thème du numéro 1, qui vient de paraître : Du cœur. On y trouve des poèmes, mais aussi de la prose ; des auteurs d’aujourd’hui, mais aussi, dans l’esprit d’une maison qui « ne considère nullement la contemporanéité comme l’antithèse du classicisme », des textes de Joë Bousquet, Rachilde, Pascal ou La Bruyère…

On y lira avec profit, en fin de numéro, un entretien avec le chirurgien Bastien Landréat.

Et on pourra y lire également un texte de moi, déjà paru en 2002 dans la  revue Passage d’encres. Il s’intitule Ma vie méridienne : j’ai le cœur géographique.

Pour en savoir plus : https://ardavena.com/la-raison-du-poeme-1-du-coeur/

 

P. A.

 

 

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