Critique littéraire, billets d'humeur, entretiens avec des auteurs...
Comme tous les ans à pareille époque, voici un petit rappel des livres qui m’ont le plus séduit depuis le début de l’année 2015 — et quelques suggestions supplémentaires, au seuil de la pause estivale…
La Maison-Guerre, Marie Sizun (Arléa)
… ou la guerre vue de biais par les yeux d’une petite fille. Marie Sizun excelle à ressusciter les angoisses et les émerveillements de l’enfance.
Le Livre des paraboles. Un roman d'amour, Per Olov Enquist, traduit du suédois par Anne Karila et Maja Thrane (Actes Sud)
La fabrique d’un roman possible, où le grand écrivain suédois parlerait de l’amour, spirituel et, surtout, charnel.
L'Insatiable Homme-Araignée, Pedro Juan Gutiérrez, traduit de l’espagnol par Olivier Malthet (10-18)
La Havane est une « grande caverne humide et crasseuse », et le narrateur de l’écrivain cubain y court de femme en femme, au gré d’une narration chaotique, drôle, rigoureusement aléatoire.
La Mesure de la dérive, Alexander Maksik, traduit de l’anglais par Sarah Tardy (10-18)
Une jeune Libérienne en exil clandestin à Santorin s’efforce de survivre sans penser au passé. Mais celui-ci la guette, et le lecteur aussi, au terme d’une dérive magnifiquement insidieuse.
L'Homme qui avait deux yeux, Matthias Zschokke, traduit de l’allemand par Patricia Zurcher (Zoé)
Il a deux yeux et regarde le monde de loin en se gardant d’intervenir. Autour de presque rien, Matthias Zschokke construit d’extravagantes et jubilatoires arabesques narratives.
Gil, Célia Houdart (P.O.L.)
Pour dire l’essentiel d’une vie vouée à la musique, Célia Houdart parle d’autre chose — ce qui est la meilleure manière d’approcher un peu l’essentiel.
En guise de complément, revoir aussi mes suggestions de décembre 2014…
… et ajouter à tout cela :
La Sumida, Nagaï Kafû, traduit du japonais par Pierre Faure (Gallimard / Unesco)
Les paysages de l’ancien Tokyo et leur beauté mélancolique portent ici l’essentiel d’une intrigue évanescente. Modiano citait Kafû dans son discours de Stockholm. Il avait raison.
Et tu n’es pas revenu, Marceline Loridan-Ivens (Grasset)
Ce n’est pas un roman. Ce n’est pas non plus le récit de sa captivité à Auschwitz-Birkenau. C’est une longue adresse à son père, qui, lui, n’en est pas revenu. Bouleversant.
Huit Nocturnes, Patrick Boman (Sous la cape)
Chez un éditeur imaginatif et malicieux, l’écrivain-voyageur Patrick Boman construit en huit nouvelles une manière de tombeau pour son héros l’inspecteur Peabody : ports d’Europe au pavé pluvieux, touffeurs indiennes, tous les ingrédients de l’Aventure, plus l’humour et la nostalgie.