Critique littéraire, billets d'humeur, entretiens avec des auteurs...
Tous les ans, quand vient le temps des féeries terminales, j’ai coutume, les fidèles lecteurs de ce blog le savent, de récapituler mes enthousiasmes de la rentrée littéraire pour en faire des idées de cadeaux. Le choix, cette année, est difficile : pas mal de belles découvertes entre septembre et ces jours-ci. Il faut pourtant bien renoncer à rappeler certaines d’entre elles — vous les retrouverez en feuilletant, si on peut dire, mes dernières pages. Et pour mettre un peu d’ordre dans cette page-ci, j’ai classé mes préférences, subjectives, cela va sans dire, en fonction de critères qui le sont tout autant.
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Les plus originaux
Fief, David Lopez (Seuil)
En toute justice, ce garçon devrait avoir de l’avenir : faire entrer dans la littérature la langue des banlieues sans prendre pour objet leurs célèbres problèmes, c’est déjà remarquable, par les temps qui courent. Et le jeune auteur préfère, en plus de ça, jouer de ses silences pour parler de l’essentiel… (Voir aussi l’entretien qu’il a accordé à ce blog).
La Rivière, Esther Kinsky, traduit de l’allemand par Olivier Le Lay (Gallimard)
Entre les genres littéraires, entre les souvenirs et les fleuves, la poétesse et romancière allemande construit un livre inclassable, fait d’épiphanies minuscules et d’éblouissantes rencontres avec le monde. Magnifique traduction d’Olivier Le Lay.
Les plus passionnants
Dernières nouvelles des bolcheviks, Philippe Videlier (Gallimard)
L’auteur de Quatre saisons à l’hôtel de l’Univers applique à la Révolution russe sa méthode : « conter la vérité comme s’il s’agissait d’une fiction ». En quatorze fragments, toute l’épopée se déploie, avec sa fin tragique, plus sûrement qu’au fil d’un roman-fleuve.
Le Sympathisant, Viet Thanh Nguyen, traduit de l’anglais par Clément Baude (Belfond)
Ce gros et brillant roman d’espionnage est aussi une étourdissante variation sur le thème du double. Et le jeune auteur américano-vietnamien y parle, en plus, entre les lignes, de l’écriture, à l’encre sympathique ou pas.
Les plus poétiques
La Nuit des béguines, Aline Kiner (Liana Levi)
Où l’on apprend que les béguines n’ont pas toujours été flamandes… Mais ce roman savant est plus qu’un roman historique. Portrait saisissant du Paris médiéval, il est aussi semé d’instants de grâce qui s’affranchissent de l’espace et du temps.
Frappe-toi le cœur, Amélie Nothomb (Albin Michel)
Il ne faut pas sous-estimer la prolifique Amélie : son roman de cette rentrée est un conte moderne à la manière de Perrault, plein de cruauté comme de grâce. En plus, il y a l’humour, et la langue sans reproche…
… et une grande réédition
La Route au tabac, Erskine Caldwell, traduit de l’anglais par Maurice-Edgar Coindreau (Belfond, [vintage])
Le grand écrivain du sud des États-Unis dépeignait la vie sans espoir des fermiers de la Grande Dépression. Son ton inimitable mêle la farce au tragique, sur un entêtant tempo de blues.