Critique littéraire, billets d'humeur, entretiens avec des auteurs...
J’ai déjà évoqué la maison d’édition en ligne Émoticourt, spécialisée dans les textes brefs et de qualité, qui nous propose ce merveilleux petit inédit d’Anne Serre.
Comment n’y aurait-il pas quelque chose de magique dans tout ce qu’écrit l’auteure de Petite table, sois mise ! (Verdier, 2012) ? Les mots ici sont autant de formules qui font surgir, en longues énumérations colorées, images et souvenirs chargés de sensualité et d’une force d’évocation singulière.
Le dispositif aussi a la fausse simplicité des contes. Qu’est-ce qu’un arbre ? une rue ? un pré ? une femme ? un homme ? qui êtes-vous ?... D’une question à l’autre on glisse de la rêverie poétique à l’autobiographie, puis à une réflexion légère et subtile sur l’écriture et sur cet espace entre mots et images où elle se déploie. « Comment avez-vous compris que classer et examiner ses images personnelles, c’était écrire de la fiction ? » s’interroge celle qui parle et s’adresse à elle-même dans une distance étonnée. On pense à Walser, cité au passage, et aussi parfois à Ramuz, pour l’apparente transparence et l’authentique profondeur. Mais peut-être vont-elles toujours, comme ici, de pair…
P. A.