Critique littéraire, billets d'humeur, entretiens avec des auteurs...
« Ce que fera une truie quand on la mène à la soue, on peut bien l’imaginer. Sauf qu’une bonne truie comme ça a la vie plus facile qu’un homme, c’est qu’elle est faite au vrai d’une espèce de chair et de graisse, et ce qui peut lui arriver par la suite c’est peu de chose, tant qu’elle a sa pâture : elle mettra bas encore, tout au plus, et au bout de sa vie il y a le couteau, ce qui au fond n’est pas non plus très grave ni très palpitant : avant qu’elle ait remarqué quoi que ce soit — et que peut bien remarquer une bête comme ça — elle est déjà crevée. Un homme en revanche, ça vous a des yeux, plein de choses là-dedans et tout mélangé ; il peut penser le diable et ne peut pas ne pas penser (terrible, sa tête) à ce qui lui arrivera. »
Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz