• photo Pierre Ahnne

     

    Le fracas olympique s’éloigne, le feuilleton politique va bientôt diffuser ses premiers épisodes d’automne ; c’est ma quatorzième rentrée.

     

    Depuis quelques années, j’ai pris l’habitude en pareille période d’annoncer des « tendances ». Il faut cette fois évoquer d’abord celles du blog proprement dit. Comme je l’ai suggéré avant de prendre congé de mes lecteurs en juin, j’avance sous la menace d’un changement théoriquement imminent et, en principe, bénéfique. Quoi qu’il en soit je ne l’ai ni choisi ni décidé, et il suivra son cours avec la mystérieuse indifférence propre aux cataclysmes naturels et aux bouleversements informatiques.

     

    Ce ne sera pas un changement d’adresse ni de plate-forme, mais d’interface. En bref, l’aspect du blog va sans doute changer ; peut-être aussi y aura-t-il une brève interruption. Mais pas d’inquiétude : tout cela ne sera que temporaire, et je compte poursuivre, avec votre fidèle soutien, mes activités, en redonnant peut-être vie à des rubriques un peu négligées depuis quelque temps – « Entretiens », « Paroles d’écrivains », ou, pourquoi pas, « Fictions »…

     

    L’essentiel restera cependant les critiques de livres, ou plutôt, toujours, de romans, avec une exception çà et là, telle celle que je compte faire en septembre pour l’essai de Philippe Lapierre, Raymond Roussel – Marcel Duchamp, Enquête sur une gémellité (Les Impressions Nouvelles).

     

    Je parlerai par ailleurs de textes dont il sera peut-être un peu moins question ailleurs, même si par exemple Claudie Hunzinger (Il neige sur le pianiste, Grasset), Richard Ford (Le Paradis des fous, L’Olivier), ou, dans une moindre mesure, Hélène Gaudy (L’Archipel, L’Olivier), ont une solide réputation à défendre. Mais je m’intéresserai surtout à des premiers romans (David Naïm, L’Ombre pâle, L’Antilope ; Eliot Ruffel, Après ça, L’Olivier). Ou à des seconds romans, lesquels ont souvent encore plus de mal à s’imposer que de premiers romans ; comme celui de Guillaume Collet, Les Mains pleines (Bourgois), dont j’avais déjà aimé, en 2022, Les Yeux de travers, aux Avrils ; ou celui de Marie Vingtras, Les Âmes féroces (L’Olivier).

     

    photo Pierre Ahnne

     

    À côté de ces titres français, beaucoup de traductions : de l’allemand (Peter Stamm, L’Heure bleue, Bourgois ; Josef Winkler, Le Champ, Verdier ; Francesco Micieli, Si les forêts nous quittent, Hélice Hélas) ; du russe (Vera Bogdanova, Saison toxique pour les fœtus, Actes Sud) ; du catalan (Joan-Lluis Lluis, Junil, Les Argonautes) ; du néerlandais (Inge Schilperoord, Le ciel était vide, Belfond). L’Europe, on le voit, sera très présente. Mais le continent américain aussi, qu’il soit anglophone (Richard Ford, déjà cité ; Justin Torres, Blackouts, L’Olivier), hispanophone (Eduardo Halfon, Tarentule, La Table Ronde ; Pablo Casacuberta, Une Vie pleine de sens, Metailié), ou… francophone, avec les Canadiennes Catherine Mavrikakis (Sur les hauteurs du mont Thoreau) et Martine Delvaux (Ça aurait pu être un film), toutes deux chez Héliotrope. Le Japon ne sera pas absent (Soichi Kawagoe, Source de chaleur, Belfond).

     

    Des thématiques récurrentes ? Difficile d’en distinguer dans une telle diversité géographique et culturelle. Disons que j’aurai souvent l’occasion de retrouver mes thèmes privilégiés de l’enfance et de l’adolescence. Il y aura aussi beaucoup de familles, et, en particulier, beaucoup de pères. De l’Histoire, bien sûr, depuis l’Antiquité (Lluis) jusqu’à la Seconde Guerre mondiale (Winkler) et au-delà. Et, en catalan (Lluis), en français (Hunzinger), en allemand (Stamm, Winkler), en espagnol (Casacuberta), un peu tout le monde parle d’écriture ou d’art en général.

     

    Mais il est vrai que les œuvres littéraires authentiques parlent toujours de littérature…

     

    Bonne rentrée à tous, bonnes lectures,

     

    P. A.

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  • photo Pierre Ahnne

     

    Malgré les turbulences et les intempéries, il est des choses immuables… Ainsi, tous les ans, à la fin du mois de juin, je prends congé de mes lecteurs pour quelques semaines. Le moment de le faire cette année est venu. Il est aussi, comme tous les ans, l’occasion de revenir, dans des suggestions de lectures estivales, sur quelques-uns des ouvrages qui m’ont le plus frappé depuis le mois de janvier dernier. J’espère qu’ils charmeront l’été de ceux qui me lisent – car la lecture aussi fait partie de ces choses sur lesquelles s’appuyer quand le reste vacille…

     

    Des enfances et au-delà

    10, villa Gagliardini, Marie Sizun (Arléa)

    Marie Sizun nous offre un de ses plus beaux livres avec ce récit dont le personnage principal est le modeste appartement qui abrita son enfance et son adolescence. Les lieux et les choses, à demi-mot, disent tout.

     

    Jeunesse, Tove Ditlevsen, traduit du danois par Christine Berlioz et Laila Flink Thullesen (Globe)

    Le deuxième tome de la Trilogie de Copenhague : la grande écrivaine danoise morte en 1971 y raconte son entrée dans le monde du travail, sa découverte de l’autre sexe, ses premières publications. Radicalement personnel.

     

    Je est un autre, Jon Fosse, traduit du néo-norvégien par Jean-Baptiste Coursaud (Bourgois)

    Le deuxième volume de la Septologie où le Prix Nobel 2023 évoque ses débuts dans la vie sous le masque du peintre Asle. Bière, rock, peinture, présence de Dieu, écriture singulière. Chef-d’œuvre.

     

    Cinq filles perdues à tout jamais, Kim Fu, traduit de l’anglais par Annie Goulet (Héliotrope)

    Cinq petites filles errent dans une contrée inhospitalière et tâchent de survivre. Cette expérience dictera-t-elle ce qu’elles seront plus tard ou révèle-t-elle ce qu’elles étaient déjà ? La jeune écrivaine canadienne joue, dans ce récit brillamment construit, avec les notions de hasard et de déterminisme.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Des démons

    La Prise du diable, Lina Wolff, traduit du suédois par Anna Gibson (Les Argonautes)

    Elle est sous l’emprise du « petit gros ». Mais il est lui-même sous son emprise à elle. Chacun est habité par son propre démon, et celui de l’héroïne nous parle et nous subjugue, au long d’un magnifique monologue intérieur.

     

    Braconnages, Reinhard Kaiser-Mühlecker, traduit de l’allemand par Olivier Le Lay (Gallimard)

    Jakob est heureusement marié et son exploitation agricole reçoit le titre de « Ferme de l’année ». Mais, en lui, quelqu’un d’autre veille. Et le mal, on le sent, est partout.

     

    Je ne suis pas un héros, Eric Ambler, traduit de l’anglais par Simone Lechevrel et Patricia Duez (L’Olivier)

    L’éditeur poursuit sa republication des œuvres d’Eric Ambler, inventeur, parmi d’autres, du roman d’espionnage moderne. 1938, l’Italie fasciste, la guerre qui approche… Personnages louches, rues obscures, et le Grand Jeu qui suit son cours. Haletant.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Des voyages

    Taipei sous la pluie de prunes, Éric Faye (Picquier)

    L’écrivain voyageur erre dans ses souvenirs de plusieurs voyages en Asie. Exotisme, éclairage précis de lieux extrêmes… Surtout, jeux de la mémoire et grâce de l’écriture.

     

    Motl en Amérique, Sholem-Aleikhem, traduit du yiddish par Nadia Déan-Rotschild et Evelyne Grumberg (L’Antilope)

    Trois ans après Motel fils du chantre, le dernier livre d’un grand écrivain de langue yiddish. Le jeune héros-narrateur découvre un pays neuf, une langue nouvelle, le métro, les « mouvingue pictcheures ». Humour, fantaisie, vitalité inlassable.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Des voisins

    Le Mariage, Dorothy West, traduit de l’anglais par Arlette Stroumza (Belfond)

    À Martha’s Vineyard, dans l’Oval, quartier des « gens de couleur » fortunés, une noce s’apprête. L’écrivaine afro-américaine trousse une brillante satire, parcourt toute l’histoire de sa communauté, et nous entraîne dans la zone incertaine qui s’étend entre noir et blanc.

     

    Les Oracles, Margaret Kennedy, traduit de l’anglais par Anne-Sylvie Homassel (La Table Ronde/Quai Voltaire)

    Une chaise de jardin frappée par la foudre et qu’on prend pour une sculpture… Tel est le point de départ d’une comédie de mœurs moquant, avec une étincelante drôlerie, le snobisme des amateurs d’art et l’étroitesse d’esprit des autres. Comme toujours chez l’auteure du Festin, ce sont les enfants qui l’emportent.

     

    Bel été à tous, et rendez-vous fin août pour parler de Jérôme Ferrari, de Claudie Hunzinger, d’Eduardo Halfon, de Mariette Navarro et de bien d’autres…

     

    Si tout se passe comme prévu, ce blog devrait, au cours de l’été, changer d’hébergeur. Mais pas d’état d’esprit.

     

    photo Marion Hérold

     

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  • photo Pierre Ahnne

     

     

    Comme tous les ans et pour la douzième fois sur ce blog, c’est le temps des fêtes. Qu’elles vous soient lumineuses, en dépit du solstice et de tous les autres facteurs obscurcissants.

     

    La rentrée littéraire nous a fait de beaux cadeaux. Parmi ceux dont j’ai parlé ici depuis le mois d’août, en voici quelques-uns pour vos propres tables de chevet ou pour mettre au  pied des sapins de celles et de ceux qui vous sont chers…

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Une révélation

     

    Horcynus Orca, Stefano D’Arrigo, traduit de l’italien par Monique Baccelli et Antonio Werli (Le Nouvel Attila)

    Paru en 1975 et enfin traduit en français, ce monumental chef-d’œuvre récrit L’Odyssée sur fond de Seconde Guerre mondiale. Les mythes, les genres, les langues se mêlent en une grande symphonie poétique.

     

     

    Gros et grands romans

     

    Ghost Town, Kevin Chen, traduit du chinois par Emmanuelle Péchenart (Seuil)

    Un hymne à la mémoire et aux sens, qui est aussi le portrait d’un lieu (Taïwan), d’une famille (les Chen), et une fascinante danse des spectres.

     

    Trust, Hernan Diaz, traduit de l’anglais par Nicolas Richard (L’Olivier)

    L’écrivain américain d’origine argentine construit un fantastique labyrinthe narratif, où thriller et satire sociale conspirent à l’éloge de la littérature.

     

    La Vie Nouvelle, Tom Crewe, traduit de l’anglais par Étienne Gomez (Christian Bourgois)

    Inspiré par la vie de John Addington Symonds et de Havelock Ellis, précurseurs de la sexologie et des études de genre, le roman de l’auteur britannique fait revivre les débats de l’époque victorienne. Mais il élabore aussi une puissante réflexion sur les rapports du corps et de la société.

     

     

    Enfances et mémoires

     

    Les Ondes, Isabelle Dangy (Le Passage)

    Sidonie cherche à en savoir plus sur son père… Le récit de sa quête croise personnages et thèmes, romanesque et second degré, tandis que la musique mystérieuse des ondes Martenot baigne l’ensemble…

     

    Psychopompe, Amélie Nothomb (Albin Michel)

    L’écrivaine française la plus prolifique déploie toute sa grâce et sa fantaisie pour cet autoportrait en oiseau, qui est aussi une longue métaphore de l’écriture.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Histoires de peintres

     

    Le Voyage au Maroc, Nicolas de Staël (Arléa)

    Ce petit livre orné de nombreuses reproductions rassemble les textes, en partie inédits, nés du séjour que l’artiste fit au Maroc dans sa jeunesse. Apprentissages d’un peintre qui aurait aussi pu être écrivain…

     

    Le Portrait de mariage, Maggie O’Farrell, traduit de l’anglais par Sarah Tardy (Belfond)

    L’écrivaine irlandaise prête à Lucrèce de Médicis, princesse de la Renaissance morte à seize ans, des dons et des goûts pour la peinture. Roman très romanesque et conte ténébreux, son livre laisse le premier rôle aux couleurs, aux lieux et aux choses.

     

     

    … et aussi

     

    L'Homme au sanglier, Danièle Pétrès (L’Ourse brune)

    Les éditions de L’Ourse brune publient de jolis petits livres présentant chacun une seule (longue) nouvelle. Celle de Danièle Pétrès, qui mêle humour et fantastique mélancolique autour d’un tableau imaginaire de Gainsborough, sera, pour une somme modique, un présent plein de charme.

     

    En janvier, je vous entretiendrai de Marie Sizun, de Joseph O’Connor, de Valérie Zenatti et de bien d’autres auteurs…

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Illustrations : tableaux d’Anna-Eva Bergman  (2, 3 et 4), Hans Hartung (1)

     

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  • Nous y voilà. Le mois de septembre a commencé, le 18 août, date de parution des premiers romans de la rentrée. Dès samedi, je commencerai à vous parler de certains d’entre eux. D’ores et déjà voici quelques impressions générales, nées de mes premières lectures et de coups d’œil obliques à des quatrièmes de couverture.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Familles, je vous aime

    Que ferait-on sans les familles ? À nous, pères, mères, aïeux, ancêtres, frères, sœurs, voire, pour parler comme la comtesse de Ségur, bonne d’enfant (Dea Liane, Georgette, L’Olivier) !  Combinant l’autobiographie et le récit de vie, les associant à la trop fameuse quête de soi, ce roman familial d'un nouveau genre, qu’il tende vers l’Histoire, la géographie politique ou le romanesque pur et simple, est partout. Et, bien sûr, son intérêt principal réside ailleurs que dans son thème, soit qu’il orchestre le jeu croisé des voix (Sophie G. Lucas Mississippi, La Contre-Allée), soit qu’il articule une réflexion subtile sur le roman en tant que tel (Isabelle Dangy, Les Ondes, Le Passage), ou sur le temps (Agnès Desarthe, Le Château des Rentiers, L’Olivier), soit enfin que les sensations y soient le moteur de la mémoire, comme dans l’admirable Ghost Town, du Taïwanais Kevin Chen (Seuil).

     

    Moi et les autres

    Le roman biographique s’essouffle un peu, me semble-t-il, malgré Maggie O’Farrell (Le Portrait de mariage, Belfond) et Stefano Massini (Manhattan Project, Globe). Mais raconter des vies ou, plus ou moins, la sienne, ça se fait toujours : ainsi de Jean-Pierre Gattégno, qui revisite avec brio le roman d’adolescence (L’Étrange Journée de Raoul Sevilla, L’Antilope), ou, dans un style très différent, de Hernan Diaz, qui, dans Trust, construit une méditation vertigineuse sur les rapports entre écriture, fiction et vérité (L’Olivier).

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Histoire majuscule

    Décidément, on n’y échappe pas. Elle joue souvent le rôle principal, comme chez Daniel de Roulet (Le Bonnet rouge, Héros-Limite), Darragh McKeon (Le Dimanche du souvenir, Belfond) ou, déjà cités plus haut, Maggie O’Farrell et Stefano Massini. Elle peut aussi s’entrelacer à d’autres motifs, comme chez Kevin Chen, Isabelle Dangy ou Agnès Desarthe. Toujours l’étrange obsession du vrai ?... Il arrive pourtant que la vérité historique se grime et emprunte les oripeaux de la fiction la plus débridée, comme chez Louis-Ferdinand Despreez, lequel retente, avec Le Taureau de La Havane, le conte philosophique (drolatique) (Éditions du Canoë) ou chez Dana Grigorcea, qui, dans Ceux qui ne meurent jamais, fait renaître Dracula dans une Roumanie très actuelle (Les Argonautes).

     

    photo Pierre Ahnne

     

    … et une drôle de manie

    Quels que soient le thème et le sujet, la prose coupée a le vent en poupe. Cette manière d’aller régulièrement à la ligne se répand, dont certains pensent peut-être qu’elle suffit à faire du roman un poème. En général, les auteurs et les éditeurs ont quand même d’autres justifications à avancer – lesquelles passent quelquefois à côté de justifications peut-être plus probantes… Quoi qu’il en soit, le procédé s’utilise tout spécialement dans des genres qui devraient au contraire s’inscrire dans une forme de réalisme, comme la fiction historique (Daniel de Roulet, Massini) ou l’autofiction tendance sociale (Anouk Lejczyk, Copeaux de bois, Éditions du Panseur). Bizarre…

     

    Pour plus de détails, rendez-vous dans quelques jours. D’ici là, bonne rentrée à tous.

     

    P. A.

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  • C’est l’été. Ce blog va adopter un rythme moins soutenu. Pour vous aider à traverser les vraisemblables canicules, voici quelques suggestions en forme de rappels, à propos de certains des livres dont j’ai parlé depuis janvier.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Frontières

    Mes désirs futiles, Bernardo Zannoni, traduit de l’italien par Romane Lafore (La Table ronde/Quai Voltaire)

    Une fouine, un renard, un porc-épic… Il n’y a pas d’hommes dans le roman du jeune écrivain italien. Mais dans tout animal réside une part d’humanité, et inversement. Un récit palpitant mais subtil, qui installe la différence au cœur du même…

     

    Le Livre de Pacha, Véronique Sales (Vendémiaire)

    Pacha a été poisson ou cerf, il parle avec les apparitions et les esprits. André écrit un livre sur lui, et son style ressemble à celui de Véronique Sales, dont les longues phrases sinueuses disent l’unité secrète et musicale du monde.

     

    Les Gardiens de la maison, Shirley Ann Grau, traduit de l’anglais par Colette-Marie Huet (Belfond [vintage])

    Prix Pulitzer 1965, ce roman s’inscrit dans la grande tradition littéraire du sud des États-Unis : vaste demeure, nature omniprésente, vieille famille, secrets et vengeances… Au cœur de l’intrigue, les liens complexes et violents entre Blancs et Noirs.

     

    Peinture

    Vincent Van Gogh, L'éternel sous l'éphémère, Stéphane Lambert (Arléa)

    L’écrivain belge continue à marcher sur les traces des peintres. Ici, on poursuit, d’un tableau de Van Gogh à l’autre, le contact toujours fuyant avec un artiste qui poursuit lui-même l’union toujours dérobée avec le réel.

     

    Bacon, juillet 1964, Gilles Sebhan (Le Rouergue)

    L’auteur du Royaume des insensés se fait pur regard pour suivre, à sa manière et plan par plan, un bref documentaire tourné en 1964 dans l’atelier de Bacon. Avec les moyens de la littérature, il applique la méthode de son grand modèle : tordre la réalité pour mieux « court-circuiter l’apparence ».

     

    Ruptures

    Il suffit de traverser la rue, Éric Faye (Seuil)

    Éric faye raconte un plan de licenciement dans une grande agence de presse : le roman de bureau prend des teintes fantastiques, et la critique sociale s’imprègne d’humour absurde.

     

    Divorce à l'anglaise, Margaret Kennedy, traduit de l’anglais par Adrienne Terrier et Anne-Sylvie Homassel (La Table ronde/Quai Voltaire)

    Dans ce roman de 1936, l’auteure du Festin relatait un divorce et ses répercussions dans une famille. Humour, grâce, subtilité cruelle… Et d’admirables portraits d’adolescents, lesquels sont ici les vrais héros.

     

    Mémoires

    Le Secret de Sybil, Laurence Cossé (Gallimard)

    Cette histoire d’’amitié amoureuse et d’adolescence réunit, par la magie d’un style impeccable, portrait de famille et tableau d’une époque.

     

    Voyage à rebours, Jacob Glatstein, traduit du yiddish par Rachel Ertel (L’Antilope)

    Le grand écrivain yiddish relate le voyage effectué en 1934 de New York à Lublin, d’où il était venu vingt ans plus tôt. Retour en arrière dans l’espace et dans le temps où tout prend des teintes grotesques, absurdes, cocasses, déjà tragiques…

     

    Rombo, Esther Kinsky, traduit de l’allemand par Olivier Le Lay (Bourgois)

    L’auteure de La Rivière évoque le tremblement de terre advenu en 1976 dans une région montagneuse du nord de l’Italie, en faisant entendre les voix des villageois qui l’ont vécu. Mémoire humaine, langage mystérieux de la nature… L’écriture, entre flux et fragments, explore les rapports entre l’homme, les choses et le temps.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Et aussi…

    Les Moments littéraires, n° 50

    Le nouveau numéro de La Revue de l’écrit intime comprend un dossier consacré à Catherine Millet. On y trouve notamment un long entretien avec l’auteure de La Vie sexuelle de Catherine M., laquelle a publié en 2022 le cinquième volume de sa série autobiographique, intitulé Commencements (« C’est peut-être une façon de nier le temps, ou plutôt de s’envelopper du passé comme d’un grand manteau qui vous protège des agressions du présent »). Dans un texte inédit, Catherine Millet s’interroge ensuite sur les rapports entre passion de l’art et libertinage.

     

    Dans le même numéro figurent un extrait du journal d’Henri Raczymow, et un article de Florence Naugrette sur L’œuvre de Victor Hugo dans le journal épistolaire de Juliette Drouet.

     

    Le traditionnel Portfolio est consacré à des photos de nus de Jean Rault.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Nous ne nous quitterons pas tout à fait avant septembre : d’abord je compte renouer l’une ou l’autre fois avec l’habitude des billets estivaux, ensuite les premiers livres de la rentrée paraîtront dès le 18 août.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    À tous, un été aussi lumineux que possible, et de belles lectures…

     

    P. A.

     

    Illustrations : les deux tableaux sont des oeuvres de Philippe Pradalie (1938-2015)

     

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