• photo Pierre Ahnne

     

    Nous y sommes. À une date qui pourrait faire pâlir d’envie ceux qui, dans l’Éducation nationale, rêvent de « reconquête » (du mois de juin, du mois de juillet, du mois d’août…), avant, donc, celle des écoliers, avant celle des députés et des ministres (qui viennent, il est vrai, de partir en vacances), avant même celle de la mode, voici, à peine défleuris les reposoirs, la rentrée littéraire. Dès le 17 août, les premiers livres descendront comme de blanches colombes sur les étals.

     

    Ce blog aussi va sortir, dès samedi, d’un sommeil estival à peine troublé par l’habituel Billet, consacré, cette année, à Paul-Jean Toulet le méconnu. D’auteurs méconnus il sera d’ailleurs régulièrement question au cours de l’année qui s’annonce, puisque j’inaugurerai bientôt une rubrique qui sera consacrée tous les mois à l’un ou à l’autre d’entre eux.

     

    Des auteurs plus connus recommenceront à se faire entendre, que ce soit dans mes quasi hebdomadaires Paroles d’écrivains ou dans les Entretiens, que je compte reprendre.

     

    Et puis, bien sûr, des Notes critiques… Vous entendrez bientôt parler de premiers romans remarquables, français (Fief, de David Lopez, au Seuil) et néerlandais (La Tanche, d’Inge Schilperoord, chez Belfond) ; d’écrivains qui ne sont plus vraiment des débutants, comme Alma Brami (Qui ne dit mot consent, au Mercure de France) ou Kaouther Adimi (Nos richesses, au Seuil) ; d’écrivains, enfin, déjà bien connus, tels Lola Lafon (Mercy, Mary, Patty, Actes Sud) ou Fabrice Humbert (Comment vivre en héros, Gallimard). Voilà pour les premières semaines.

     

    Et vous retrouverez partout, bien sûr, mes convictions (mes obsessions ?) : la littérature n’est ni une sociologie indignée ni une psychologie larmoyante ; elle n’est rien autre chose que ce qu’elle seule peut être — un art de (ne pas) dire. Moralité : le sujet, tant valorisé par les temps qui courent, est secondaire ; « Yvetot vaut Constantinople ».

     

    Bonne rentrée.

     

    P. A.

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  • C’est de tradition en juillet : avant d’adopter un rythme plus en rapport avec les températures, ce blog vous suggère quelques idées de lectures glanées dans les six derniers mois.

     

    Je les reparcours, ces mois, qui furent en fin de compte assez riches en découvertes. Et, décidément, s’il fallait n’en garder que six ou sept, ce seraient celles-ci, qui n’ont pas fait autant de bruit dans le monde qu’elles auraient dû. Raison de plus pour vous inviter à les partager, à l’heure des longues siestes ou dans l’ombre du vieux sapin.

     

    Plus tard, je vous parlerai de Paul-Jean Toulet.

     

    En attendant septembre, où il sera question de Lola Lafon, d’Hélène Gestern, d’Alma Brami, de Fabrice Humbert et de plusieurs premiers romans…

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Volia Volnaïa, Victor Remizov, traduit du russe par Luba Jurgenson (Belfond)

     

    Le roman russe confirme son exceptionnelle vitalité avec cette histoire d’hommes et de sauvagerie, tableau affligé d’une société minée par la violence et la corruption autant qu’hymne à la nature sibérienne la plus extrême.

     

    (Voir aussi l'entretien que Victor Remizov a bien voulu accorder à ce blog).

     

     

    Quatre saisons à l'Hôtel de l'Univers, Philippe Videlier (Gallimard)

     

    Ce n’est pas un roman historique mais un siècle d’Histoire parcouru avec les moyens du roman. À savoir, tout d’abord, le style. Celui de Philippe Videlier transforme les tragédies et les épopées du Moyen-Orient contemporain en un superbe et jubilatoire kaléidoscope.

     

     

    Les Petites Personnes, Anna Maria Ortese, traduit de l’italien par Marguerite Pozzoli (Actes Sud)

     

    Dans ces trente-six textes courts, la grande écrivaine italienne parlait du sort des animaux, du traitement que l’homme leur réserve, du lien qui les unit à lui. Et faisait surgir, dans des pages d’une poésie et d’une profondeur bouleversantes, un rapport à l’être et au monde qui échappe à la loi de l’utilité.

     

     

    L'Enragé, Dominique Rolin (Espace Nord)

     

    Breughel, sur son lit de mort, voit défiler sa vie. À partir de ce dispositif simple et qui aurait pu prêter au pire, l’écrivaine belge réussissait, dans ce livre paru en 1978 et réédité aujourd’hui, une magnifique méditation sur le regard du peintre et le revers des choses.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Gens de Bergen, Tomas Espedal, traduit du norvégien par Terje Sinding (Actes Sud)

     

    Tomas Espedal parle de sa vie, de sa ville, de ses amours, de ses voyages… Et mène sans en avoir l’air, en tout un jeu d’échos subtils, une réflexion sur le vide, la présence, l’écriture.

     

     

    Une nuit en Tunisie, Fabrice Gabriel (Seuil)

     

    L’auteur évoque, sur un air de jazz, une année de coopération dans le Sud tunisien au moment de la guerre du Golfe. Il brasse les souvenirs, les époques, les œuvres… jusqu’à rendre quasi palpable un peu de cette matière paradoxale : le temps.

     

     

    La Conscience, Hubert Lucot (P.O.L)

     

    Le dernier livre, paru en décembre 2016, de l’écrivain. Livre qui clôt une œuvre exigeante et légère, où la vie de tous les jours devient, par la grâce de la phrase, une expérience sans cesse renouvelée.

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  • Dans une semaine, tout juste, nous nous apprêterons à nous rendre, sous la neige et munis de lanternes, qui à la messe de minuit, qui à quelque repas bien arrosé en compagnie de personnes chères. Que mettrez-vous dans votre hotte ? Comme tous les ans, voici en guise de suggestions quelques rappels de cette rentrée…

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Éric Faye, Éclipses japonaises (Seuil)

     

    L’auteur de Nagasaki a rapporté du Japon ce livre qui évoque le destin des personnes enlevées puis retenues en Corée du Nord dans les années 1970 et 1980. Sans négliger les aspects romanesques et émotionnels de l’histoire, Éric Faye l’imprègne du fantastique discret qui lui est cher et l’inscrit insensiblement dans la tradition des grands mythes.

     

     

    Andreï Guelassimov, Les Dieux de la steppe, traduit du russe par Michèle Kahn (Actes Sud)

     

    L’histoire d’un petit garçon admirateur de l’Armée rouge, dans un village de Sibérie, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale. Et celle d’un prisonnier de guerre japonais, expert en herbes médicinales, qui finira par tenir lieu de père au premier… L’auteur de La Soif fait le portrait triste et désopilant d’un monde où règnent la violence, la misère, le désir frénétique de vivre.

     

     

    Claudie Hunzinger, L'Incandescente (Grasset)

     

    L’auteure d’Elles vivaient d’espoir revient au passé maternel dans ce livre qui se donne comme le deuxième d’une trilogie en devenir. Il s’agit ici de Marcelle, avec qui la mère de Claudie Hunzinger connut une brève et lumineuse histoire d’amour entre les deux guerres. L’écrivaine sauve de l’oubli des jeunes filles que la vie a « stoppées net ». Mais, comme toujours, son vrai sujet demeure l’être au monde, dans l’équilibre fragile que lui prête l’écriture.

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Simon Liberati, California girls (Grasset)

     

    Ce sont les « girls » de Charles Manson, celles qui, en 1969, assassinèrent, entre autres victimes, Sharon Tate, la jeune épouse de Polanski. Avec les moyens du roman, et en virtuose, Simon Liberati nous fait partager quarante-huit heures de la vie de ces créatures qu’il rend humaines sans atténuer leur monstruosité. Portrait en négatif d’une époque fleurie, et plongée dans le monde de l’absurde et de la mort.

     

     

    Gilles Sebhan, La Semaine des martyrs (Les Impressions nouvelles)

     

    Ces martyrs, ce sont ceux de la révolution égyptienne de 2011. Le narrateur les côtoie dans les rues lors d’un premier séjour au Caire. Il rend ensuite visite à leurs familles, avec Denis, son ami photographe, dans le cadre d’un travail de mémoire consacré à ces jeunes morts. Exotisme, désir, politique… Gilles Sebhan entrecroise ces fils, en une méditation subtile et sans concession sur ce qui les rapproche ou les oppose.

     

     

    Marie Sizun, La Gouvernante suédoise (Arléa)

     

    Marie Sizun plonge dans l’histoire de ses ancêtres franco-suédois. Et ressuscite son arrière-grand-mère, la fragile Hulda, son arrière-grand-père Léonard, Livia, la mystérieuse gouvernante du titre… Par la grâce d’une écriture toute en finesse, l’auteure du Père de la petite éveille une étrange empathie avec ces êtres disparus, et se peint elle-même dans le double portrait de ses héroïnes.

     

     

    Colm Toibin, Le Testament de Marie, traduit de l’anglais par Anna Gibson (10-18)

     

    La femme du titre est bien celle à qui chacun pense… Dans un long monologue, elle livre une vision assez peu catholique de la vie de ce Fils qui aurait mieux fait de rester à la maison. Avec un émouvant portrait de femme, le romancier irlandais livre une méditation profonde et originale sur la façon dont se racontent toutes les histoires.

     

    Une adaptation théâtrale du roman de Colm Toibin sera à l’affiche de l’Odéon au printemps 2017. Dominique Blanc y jouera le rôle de Marie.

     

    photo Pierre Ahnne

     

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  • Je ne vous quitte pas complètement pour ces mois d’été. Mais, comme tous les ans, vous me lirez moins souvent. Et, comme tous les ans aussi à pareille époque, voici quelques rappels, des suggestions, ainsi que, cette année, également quelques annonces.

     

    photo Pierre Ahnne

     

     Des livres dont j’ai parlé depuis janvier 2016…

     

    L'ours est un écrivain comme les autres, William Kotzwinkle, traduit de l’anglais par Nathalie Bru (10-18)

    Satire du monde de l’édition aux États-Unis et ailleurs, le livre de William Kotzwinkle est aussi une fable sur le langage, d’une drôlerie et d’une fantaisie étourdissantes.

     

    Gloire tardive, Arthur Schnitzler, traduit de l’allemand par Bernard Kreiss (Albin Michel)

    Le grand écrivain viennois avait renoncé à trente-trois ans à publier cette Novelle. Il y parlait de la vieillesse, de l’écriture, de ce rêve énigmatique qu’est la vie.

     

    Les Feux de Saint-Elme, Daniel Cordier (Folio)

    Sous le pseudonyme de Caracalla, il fut le secrétaire de Jean Moulin. À plus de quatre-vingt-dix ans, Daniel Cordier a publié ce récit d’amour et d’adolescence au temps des pensionnats de garçons. Une langue admirable, et une belle réflexion sur les rapports entre chair et mots.

     

    La Conjuration des imbéciles, John Kennedy Toole, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Carrasso (10-18)

    Enfin réédité, voici un « livre-culte ». Mais aussi un chef-d’œuvre de comique profond, entre satire sociale et épopée grotesque.

     

    Mémoire de fille, Annie Ernaux (Gallimard)

    Redisons-le : Annie Ernaux est un écrivain essentiel. Elle en fait la preuve une fois de plus avec ce récit d’un souvenir indicible, dans lequel l’écriture est expérience de la perte.

     

    Au fil des fêtes, Sholem Aleykhem, traduit du yiddish par Doris Engel et Astrid Ruff (Hermann)

    Sholem Aleykhem est l’auteur d’une œuvre considérable écrite en yiddish, la langue d’un monde disparu, qu’il évoque avec une verve et une vitalité bien rendues par cette belle traduction.

     

    Quarantaine, Jim Crace, traduit de l'anglais par Maryse Leynaud (Rivages poche)

    Le romancier britannique raconte à sa façon les quarante jours passés par Jésus dans le désert de Judée. Une fausse parabole pleine d’humour, à double et triple fond, dans un cadre naturel magnifiquement évoqué qui en est peut-être le personnage principal.

     

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    Des livres dont j’aurais pu parler…

     

    Ils vécurent heureux, eurent beaucoup d’enfants et puis…, Michael Cunnigham, traduit de l’anglais par Anne Damour, illustrations de Yuko Shimizu (Belfond)

    Michael Cunningham est notamment l’auteur des Heures (Belfond, 1993), roman qui a donné lieu à un beau film de Stephen Daldry. Ici, il modernise des contes bien connus, sans les transposer nécessairement dans un cadre contemporain mais en dotant leurs personnages de ce qui, justement, en tant que héros de contes, leur fait défaut : une vie intérieure. Le résultat, agréablement illustré, est amusant, astucieux — parfois plus : Petit Homme, la reprise du conte de Grimm intitulé Rumpelstilzchen est une très belle réussite.

     

    Le Fracas du temps, Julian Barnes, traduit de l’anglais par Jean-Pierre Aoustin (Mercure de France)

    J’attendais beaucoup de ce « roman biographique » consacré à Chostakovitch. Peut-être trop… Saviez-vous que les artistes, en U.R.S.S., étaient fort maltraités, qu’on les surveillait, que leurs interventions publiques leur étaient dictées et qu’ils étaient parfois menacés du goulag ? Pour ma part, j’ai découvert ces vérités si bien cachées avec stupeur et consternation. Voilà un livre qui répond indéniablement à une urgence : il était temps qu’un écrivain courageux comme l’auteur du Perroquet de Flaubert se décide à dire ce qui n’avait encore jamais été dit. Ah, oui, il paraît par ailleurs que ce Chostakovitch était musicien…

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Des livres dont je parlerai à la rentrée 2016…

     

    La Semaine des martyrs, Gilles Sebhan (Les Impressions nouvelles)

    L’auteur de Retour à Duvert évoque la révolution égyptienne.

     

    La Gouvernante suédoise, Marie Sizun (Arléa)

    Marie Sizun exhume un pan de son histoire familiale.

     

    L’Incandescente, Claudie HunzingerClaudie (Grasset)

    La plasticienne et romancière parle d’adolescentes intrépides.

     

    Et aussi : Thierry Beinstingel, Éric Vuillard, Céline Minard, Remy de Gourmont et, comme on dit, bien d’autres

     

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  • Comme tous les ans, des rappels et des suggestions, à déguster à l’abri de froidures qui s’annoncent cette année plus métaphoriques que sensibles…

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

     Des livres dont j’ai parlé…

     

    Vea Kaiser, Blasmusikpop (Presses de la Cité)

    Une de mes découvertes de la rentrée : le premier roman de cette jeune écrivaine autrichienne mêle chronique villageoise, récit d’éducation et réflexion sur le même et l’autre avec une énergie jubilatoire.

     

    Michel Longuet, Le Divan illustré (Les Impressions nouvelles)

    L’admirable dessinateur se révèle aussi un écrivain dans ce récit d’une analyse qui associe subtilement ses deux talents.

     

    Herta Müller, Dépressions (Gallimard)

    Au-delà du témoignage sur son enfance roumaine, la Prix Nobel de langue allemande parle de l’être au monde, comme toujours.

     

    Gilles Pétel, Exhibitions (iggybook)

    Mon ancien compagnon de blog évoque l’art contemporain et la chair, dans un roman qu’on pourra à bon droit dire bien troussé.

     

    Gilles Sebhan, Retour à Duvert (Le Dilettante)

    L’auteur de Tony Duvert, l’enfant silencieux (Denoël, 2010) repart sur les traces du grand écrivain sulfureux, pour une biographie qui fera date.

     

     

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     Des livres dont je vais parler…

     

    Ce n’est pas parce que la rentrée de janvier arrive qu’il faudrait cesser d’évoquer les titres de celle de septembre. Parmi ceux-ci, il en est deux que je recommande d’ores et déjà avant d’y revenir plus longuement :

     

    Football, de Jean-Philippe Toussaint (Les Éditions de Minuit)

    … et pourtant je ne suis, et c’est peu de le dire, guère amateur de ballon rond…

     

    …et Un millier d’années de bonnes prières, de Yiyun Li, qui vient de reparaître chez 10-18, et dessine de bouleversants visages de la Chine contemporaine.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Des livres dont je pourrais parler plus longuement…

     

    J’ai peu de goût pour les genres, que tant de lecteurs prisent. Mais en les revisitant avec grâce on peut en tirer bien des choses…

     

    Annette Fern, Fais ta prière, Shimon Lévy (Le Verger)

    Les juifs alsaciens et les Alsaciens tout court ayant des amis juifs ne seront pas les seuls à goûter les charmes de ce roman policier qui ne l’est qu’à demi. À l’enquête obligée du commissaire Schweitzer se mêle en effet celle qui lui fait découvrir, en explorateur un brin ahuri, le judaïsme strasbourgeois, ses rituels, ses codes, son histoire singulière qui recoupe celle de toute une région. Annette Fern, spécialiste de yiddish et auteure de théâtre, esquisse une réflexion sur le mélange des cultures.

     

    Loupetitou, Les Aventures du chevalier de Torgluff (Sous la cape)

    Sous ce pseudonyme au sérieux discutable se cache un auteur dont j’ai déjà parlé, de même que j’ai déjà mentionné le facétieux éditeur de ce roman de cape et d’épée qui traverse l’Europe, de Bretagne en Pologne, à une allure étourdissante. On n’y chevauche pas que des purs-sang : ni hommes ni femmes n’échappent à la fougue du chevalier ; même les mules, mon Dieu, ne sont pas à l’abri. Mais le XVIIe siècle se déploie aussi peu à peu dans toute sa complexité, et l’auteur sait rendre au passage les jeux de la lumière et des saisons.


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